lundi 29 septembre 2014

Tous des égorgés


« Ya dhabbah ! » Peut-être m'avait-il bousculé ? Je me suis retourné. Je l'ai vu. Alors j'ai explosé. « Maudite soit la religion de ta mère qui t'a enfanté.... tartuffe, renégat, apostat... » Le barbu déguisé en Pachtoune s'est vite éloigné vers la sortie du centre commercial entrainant une Belphégor aux yeux clairs et un enfant en poussette. A-t-il compris ? Savait-il l'arabe ? Alors qu'autour de moi un petit attroupement se formait il a brandi l'index, prenant Allah à témoin. J'ai hurlé en français « égorgeur ! » Un vigile qui passait par là m'a emprisonné dans ses bras « calmez vous monsieur, vous avez raison, je vous comprends je suis musulman, calmez vous... »
Nous sommes tous Gourdelisés. 
Il est devenu insupportable de croiser les signes ostensibles qu'arborent les salafistes : le poil au menton, les sandalettes, le pantalon sous la jupe, le sourire béat et le regard fixe vers l'au-delà. Désormais, la passante innocente en hijab m'insupporte. Je change de trottoir en demandant pardon.
En tuant Hervé Gourdel l'assassin a essaimé la révolution arabe dans la suspicion de la rue française.
Pour abroger leur destin de misère, les Tunisiens par centaines s'étaient immolés. Puis, les Libyens, les Syriens et les Irakiens se sont entretués par milliers. La Bastille c'était Sidi Bouzid, la terreur, c'est Mossoul. Le Tigre est rouge de sang depuis Mossoul jusqu'à Bagdad.
Mais la Loire a déjà donné ! En quoi sommes nous concernés ? Les Français qui connaissent pourtant l'Histoire n'ont hélas retenu de l'Orient que les croisades, les colonies et les bonnes affaires. Ils ont ignoré que les droits de l'homme, l'Etre suprême et autres laïcités y étaient des concepts incongrus et que seul le dogme de la religion dominait la pensée politique. En Israël les intégristes sont au pouvoir. Chez les arabes, le salafisme, passéiste, sectaire, régressif, ultra minoritaire a été propagé à coups de milliards par la monarchie saoudienne, une pétaudière de 4 000 richissimes princes corrupteurs. C'est depuis l'Arabie que l'idéologie de la contrainte, de l'exclusion et de la cruauté a proliféré. Le modèle saoudien a été exporté et testé en Afghanistan. Aujourd'hui, il est appliqué en Irak et en Syrie. Car dans le triste Etat islamique du Levant, les libertés publiques tout comme en Arabie Saoudite ont été assassinées. La femme y est devenue objet empaqueté, les hommes et les enfants sont endoctrinés à coups de fouets : interdiction de rire, de chanter, de danser, de fumer, d'écouter de la musique, pas de théâtre ni de cinéma, de salles de sport...la joie de vivre a été abolie.
Mais à la différence de Mossoul il faut reconnaître qu'à Riyad la capitale de l'Arabie Saoudite, on décapite proprement. Cela se passe le vendredi en place publique. Le bourreau pique le dos du condamné à la pointe du sabre, instinctivement le pauvre diable agenouillé se redresse et tend le cou, la lame le fauche dans l'instant. « La tête vole, le sang jaillit, l'homme n'est plus ».

Barbarie d'un autre âge que la France n'a pas oublié.
Le Docteur Louis et Monsieur Guillotin étaient des humanistes soucieux d'épargner l'agonie des suppliciés. Ils avaient scientifiquement étudié le tempo du trépas afin qu'il soit instantané. La mise en scène du réveil à l'aube, le petit verre de gnôle, le crucifix brandi par le prêtre, les ciseaux du barbier sur le col et les mèches... bref, avant même d'avoir atteint l'échafaud, le cœur du condamné défaillait. La lame du couperet le faisait repartir de plus belle provoquant un geyser d'hémoglobine. La foule acclamait l'exploit.
La machine tranchait les têtes par milliers. Par pitié sans doute, les enfants et les femmes enceintes étaient épargnés, mais pas les vieux dont une centaine, y compris une impotente de 88 ans, furent proprement étêtés. La guillotine était devenue la façon la plus à la mode de mourir. Bravant l'issue fatale, les snobs faisaient la fête sur la charrette: « on eut juré qu'ils partaient vers un voyage de plaisir » écrivait la Comtesse Dash. La romancière, par prémonition sans doute, avait adopté ce pseudonyme qui deviendra à la lettre près, la francisation de l'acronyme arabe (dawlat islamiya fil iraq wa sham) : Daesh.

C'était il y a deux siècles et des années. C'était hier !
Las, la Mésopotamie rejoint l'Europe dans l'histoire de l'horreur. Dieu, comme d'habitude, est le grand absent, car mêmement aujourd'hui la religion est étrangère au sang répandu en son nom.
Dans l'Etat du Levant, la foule vocifère à pleins poumons qu'Allah est grand.
Allah en colère les entend. Il réserve son châtiment à ces mutants qui ont commis le plus grand des crimes en assassinant malproprement.
Car celui qui n'applique pas à l'homme la loi que l'islam réserve pourtant aux animaux n'est plus un musulman.
L'imam An Nawawi, Cheikh de l'islam dont l'interprétation du Coran fait jurisprudence depuis huit siècles recommande pour l'abattage rituel « de ne pas affuter le couteau près de la bête et de ne pas égorger l'une en présence de l'autre ». Il préconise de coucher l'animal sur le flanc et d'éviter de lui lier les pattes afin d'éviter de l'effrayer inutilement.
Le calife apostat est un méprisable boucher.

Le 4 octobre prochain, la planète musulmane célèbrera Aïd al Adha la fête du sacrifice. En France, en hommage à la mémoire de Gourdel l'égorgé, d'aucuns épargneront le mouton. 

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