mercredi 13 novembre 2013

La guenon au Panthéon



La banane est le fantasme oblong des obsédés et des détraqués blancs cultivé par les noirs.
Le Banania est la poudre sucrée et chocolatée d'un nègre aux dents blanches et chéchia rouge. Rouge comme le bonnet du primate qui descend de son portique.

Les cendres prochaines qui entreront en grande pompe au Panthéon des grands Hommes seront celles d'une négresse.


Entre ici Freda Josephine...
Tu naquis dans la fange et la misère. A treize ans tu mis aux enchères ta croupe superbe. Les hommes défilèrent et ta famille mangea à sa faim.
Fuyant la haine des blancs tu traversas la mer et t'enfuis vers le pays des Droits de l'Homme où la danse endiablée de tes reins embrasa Paris.
Sur la scène des music hall ta nudité d'ébène stupéfia le public car tu avais ceint en guise de pagne une guirlande de bananes qui pendouillaient sur ta taille. Le comble de l'érotisme!
Tous et toutes te voulaient. Tu te donnas généreusement. Les hommes et les femmes défilaient dans ton lit. Tu les accueillais généreusement en riant.
La négresse, la banane et l'appétit de guenon: tu offris à la foule des mals baisés leur contentement de racisme et de sexe refoulé.
La presse t'adulait, elle exhibait à la une tes seins d'ébène encadrés d'un collier de perles des îles. Sur les grands boulevards tes films «Princesse tam tam», «Zouzou», et ta revue «Nègre» faisaient un tabac. A la radio sur Paris Inter ta chanson fétiche passait en boucle.
Et puis la guerre éclata.


Entre ici Freda Josephine Baker.
Ce nom de Baker, était celui d'un éphémère mari. Il sonnait bien pour les artistes. Alors tu le gardas.
Devenue française tu rejoignis la résistance sitôt que résonnèrent les premiers pas de bottes nazis. Tu devins espionne puis aviatrice. Ta guerre fut héroïque: officier médaillée de la résistance, Croix de Guerre, Légion d'honneur des mains du Général de Gaulle.
A la libération tu repris ta ritournelle: «j'ai deux amours». Le public ému aux larmes t'acclama de nouveau mais ce n'était plus pour ton cul, tes bananes et tes singeries.


Tu refusas les prébendes et les dividendes de la victoire et voulus poursuivre ta lutte. Militante pour l'égalité des droits aux côtés de Luther King, activiste de la Ligue contre le racisme, tu dérangeas les bonnes consciences insouciantes des trente glorieuses.
Mais le plus beau de tes combats sera celui de tes enfants.
Dans un château en Dordogne, tu adoptas une foultitude de gosses abandonnés aux quatre coins du monde. Tu créas une gigantesque famille de frères et sœurs multicolores.
Depuis ton départ il y a maintenant près de quarante ans, tes petits enfants sont centaines qui demain par milliers et millions seront encore traités de singes et de guenons... par des petits cons.

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