mercredi 9 octobre 2013

Arabie, les dividendes de la guerre en Syrie


Le Drian ministre de la défense a été reçu par le roi d'Arabie. C'est un événement sans précédent dans les usages diplomatiques entre les deux pays. Le monarque saoudien qui ne prisait pas Sarkozy  "cheval fougueux" tient en haute estime François Hollande. C'est un paradoxe extraordinaire que cette lune de miel entre le roi des ténèbres et le Président du pays des lumières. Pragmatisme socialiste oblige Paris s'est allié avec le régime d'Arabie jadis abhorré. Désormais il partage sans réserve la posture interventionniste wahhabite sur la Syrie. Cet alignement de la diplomatie française sur celle de la richissime Saoudie vient de produire un premier retour sur investissement dont bénéficient les exportations d'armements. D'autres fabuleux contrats, mais dans le secteur civil ceux là, devraient être finalisés d'ici quelques semaines en prévision de la visite que doit effectuer le Président Hollande chez le gardien des deux saintes mosquées.

En attendant, le ministre français a signé une commande de 1,3 milliard. Il s'agit d'un avenant au marché des frégates Sawari qui dormait dans les tiroirs depuis vingt ans. Le contrat Roh-Lex concerne la fourniture d'installations par Dcns et la construction d'ouvrages destinés au carénage des navires de guerre à Jeddah. Cette opération sera pilotée par Odas, une société que préside un ancien chef d'état major de la marine nationale dont la filiale infrastructure Sofinfra promoteur du projet a été inopportunément vendue il y a quelques mois à un entrepreneur domicilié dans l'île de Saint-Martin aux Antilles (?)
Un autre contrat devrait être signé dans les prochains jours pour la fourniture à l'Air Defense de missiles Crotale fabriqués par Thales. Cette opération complètera très substantiellement le programme Shahine entamé il y trois décennies. Mdba l'autre missilier français se consolera avec une commande de la Garde Nationale saoudienne. L'ensemble du panier de Le Drian pèse plus de quatre milliards. 

Au delà de ce succès commercial qui fera passer la France de la cinquième à la troisième place des ventes mondiales d'armes, la livraison massive de missiles sol air sur fond de guerre syrienne pose la question de la destination finale de cet arsenal. Le Crotale est un engin sans cesse amélioré qui figure depuis longtemps au podium des tirs au but de toutes les grandes manoeuvres militaires. C'est un tueur d'avions infaillible qui opère depuis des plate-formes de petits camions. L'armée de défense aérienne saoudienne est déjà dotée généreusement de ces systèmes de protection dont la plupart sont d'origine US. On peut se demander si les Saoudiens ne livreront pas in fine les Crotale à l'armée de libération syrienne ? Certes, dans ce cas Riyad se trouverait en contravention avec les traités internationaux sur les ventes d'armes et risquerait théoriquement des sanctions, mais cette menace doit faire sourire les Saoudiens car sans leurs achats, l'économie occidentale de l'armement déposerait le bilan. 
Il se pourrait aussi que ces engins servent à la protection de la base de lancement de missiles balistiques dont les têtes nucléaires pourraient être acquises au Pakistan pour contre-balancer la menace iranienne. Dans ce cas, les jeux et les enjeux seront d'une tout autre dimension.

Avec l'acquisition de Crotale au son des trompettes,  le roi d'Arabie manifeste l'apparence de sa mauvaise humeur vis à vis de son protecteur et fournisseur historique les USA où il a quand même commandé l'an dernier pour plus de trente milliards d'armement. En récompensant la France, il signifie aussi sa volonté de mener une opération militaire indépendante bien que derrière cette attitude de façade, il paraît improbable que la transaction française n'ai pas reçu l'adoubement préalable de Washington. Reste que les intentions de Riyad sont difficiles à discerner. 
En juillet dernier le Prince Bandar, patron des services secrets avait proposé à Poutine de lui acheter des armes par milliards contre l'abandon du soutien de la Russie à Bachar El Assad. 
Cette politique de surenchère à l'armement ne présage pas d'un avenir paisible.  Le plus vieux monarque de la terre qui est un joueur de pétanque assidu semble avoir choisi pour son ultime partie de dégager violemment le cochonnet !

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