vendredi 9 août 2013

Alerte aux ambassades, attention ceci n'est pas un exercice !



C’est du jamais vu ! Qui passe pourtant presque inaperçu.
Les États Unis ferment vingt deux ambassades et consulats  suite à l’interception sur les ondes d’une menace décryptée proférée par un enturbanné barbu. Ce blackout  sans précédent dans les annales diplomatiques internationales a suscité peu de commentaires. Mais il est vrai que les vacances, c’est sacré.
La déflagration du premier conflit majeur  du millénaire en pleine période des marronniers  pourrait bien être aussi une catastrophe dont ne se relèverait pas la presse !

Distraitement, les journalistes et chroniqueurs estivants se demandent, entre baignade et bronzette, à quoi rime cette grève des ambassadeurs. Aucun n’ose croire aux prémisses du déclanchement du feu d’Israël au Moyen Orient car aucun n’est capable de mesurer l’ampleur de la réaction en chaine.  Seules quelques bourses frissonnent d’aise sous la canicule à la perspective d’un baril de pétrole au prix du bordeaux.
La période est idéale pour prendre de court l’opinion et la société civile. La fin de ramadan coïncide avec l’Assomption : chrétiens et musulmans sont à la fête, les capitales sont désertes, les ministères aux permanenciers, les rédactions aux stagiaires.
Cependant, Washington s’agite. Le Président est fébrile, il tient conseils et réunions ; de jour, de nuit et de week-end en jouant au golf. Ses communiqués sont pétris de fermeté. La main tendue par le nouveau pouvoir de Téhéran est souffletée et la tension monte avec Moscou au point d’annuler le prochain sommet pour protester contre l’asile donné à un traitre ou un transfuge américain qui a révélé aux naïfs que la NSA n’était pas une ONG de charité.

L’exercice d’alerte diplomatique américain a été suivi par les Européens en signe d’allégeance et de solidarité. Berlin, Londres, Rome et Bruxelles ont emboité le pas, mais avec peu de conviction. Les diplomates français dont les trois quarts sont en congé estival, n’ont pas eu trop de peine pour alléger radicalement les effectifs en poste. A Sanaa, l’Ambassadeur de France a prestement évacué le chiffre, amené le drapeau et mis la clé sous la guérite. A Paris, les congés et RTT ministériels ont été aménagés. Le Président Hollande a demandé au gouvernement de rester à portée de la capitale car officiellement « la crise (sous-entendue économique) ne fait pas relâche ».

Voici que soumise à la menace d’un chef terroriste, la nation la plus puissante de la planète déserte l’exercice de sa souveraineté diplomatique dans des pays où elle estime que la sécurité de ses plénipotentiaires est menacée. Les milliers de milliards d’armements de tous calibres  qu’elle a vendus aux rois du pétrole sont insuffisants pour protéger ses propres chancelleries bunkerisées ! Passe à la rigueur pour Sanaa, Khartoum, Tripoli, voire même Alger mais  Riyad, Dahran, Jeddah, Abu Dhabi, Kuwait, Manama, Djibouti, Doha … sont à moins de quatre minutes en hélicoptère des gigantesques bases US qui les protègent. 
Étrangement, les seules capitales arabes dispensées de mesures d’évacuations sont Rabat, Beyrouth ( ?) et Tunis ( ??) où les diplomates américains peuvent continuer de faire leur jogging matinal sur la corniche.

Au dire des spécialistes, le terroriste en chef de la nébuleuse Al Qaïda compte moins de cinq mille partisans aguerris. Ce nombre est équivalent à celui des GI affectés à la protection des ambassades fermées. Certes l’affrontement redouté n’est pas celui d’un duel entre cow-boys manchots car les  qaïdites  sont  armés d’explosifs, de cartouches et de culot. Pour autant, faut-il prendre leurs menaces au mot ? A l’échelle planétaire ?
Alors, quel est le sens de ce branle-bas de combat diplomatique dont la durée annoncée prendra fin le 31 août ?
On aimerait entendre : « Attendez-vous à savoir… » Mais Geneviève Tabouis, la fameuse chroniqueuse des années sombres  n’est plus !

La guerre froide que se sont déclaré Poutine et Obama sur fond de massacres - consommés au Moyen Orient et annoncés en Afrique du Nord - offre le spectacle effarant  d’un  monde en péril qui rejoint celui de la fiction de James Bond contre Mister BIG. 
La Maison Blanche et le Kremlin  sont en train de virer parano et l’alerte des ambassades ne ressemble pas à un exercice.

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