C’est du jamais
vu ! Qui passe pourtant presque inaperçu.
Les États Unis
ferment vingt deux ambassades et consulats suite à l’interception
sur les ondes d’une menace décryptée proférée par un enturbanné barbu. Ce
blackout sans précédent dans les annales diplomatiques
internationales a suscité peu de commentaires. Mais il est vrai que les
vacances, c’est sacré.
La déflagration du
premier conflit majeur du millénaire en pleine période des
marronniers pourrait bien être aussi une catastrophe dont ne se
relèverait pas la presse !
Distraitement, les
journalistes et chroniqueurs estivants se demandent, entre baignade et
bronzette, à quoi rime cette grève des ambassadeurs. Aucun n’ose croire aux
prémisses du déclanchement du feu d’Israël au Moyen Orient car aucun n’est
capable de mesurer l’ampleur de la réaction en chaine. Seules
quelques bourses frissonnent d’aise sous la canicule à la perspective d’un
baril de pétrole au prix du bordeaux.
La période est idéale pour prendre de court l’opinion et la société
civile. La fin de ramadan coïncide avec l’Assomption : chrétiens et
musulmans sont à la fête, les capitales sont désertes, les ministères aux
permanenciers, les rédactions aux stagiaires.
Cependant, Washington s’agite. Le Président est fébrile, il tient
conseils et réunions ; de jour, de nuit et de week-end en jouant au golf.
Ses communiqués sont pétris de fermeté. La main tendue par le nouveau pouvoir
de Téhéran est souffletée et la tension monte avec Moscou au point d’annuler le
prochain sommet pour protester contre l’asile donné à un traitre ou un
transfuge américain qui a révélé aux naïfs que la NSA n’était pas une ONG de
charité.
L’exercice
d’alerte diplomatique américain a été suivi par les Européens en signe d’allégeance et de solidarité. Berlin, Londres,
Rome et Bruxelles ont emboité le pas, mais avec peu de conviction. Les
diplomates français dont les trois quarts sont
en congé estival, n’ont pas eu trop de peine pour alléger radicalement les
effectifs en poste. A Sanaa, l’Ambassadeur de France a prestement évacué le
chiffre, amené le drapeau et mis la clé sous la guérite. A Paris, les congés et
RTT ministériels ont été aménagés. Le Président Hollande a demandé au
gouvernement de rester à portée de la capitale car officiellement « la
crise (sous-entendue économique) ne fait pas relâche ».
Voici que soumise
à la menace d’un chef terroriste, la nation la plus puissante de la planète
déserte l’exercice de sa souveraineté diplomatique dans des pays où elle estime
que la sécurité de ses plénipotentiaires est menacée. Les milliers de milliards
d’armements de tous calibres qu’elle a vendus aux rois du pétrole
sont insuffisants pour protéger ses propres chancelleries bunkerisées !
Passe à la rigueur pour Sanaa, Khartoum, Tripoli, voire même Alger
mais Riyad, Dahran, Jeddah, Abu Dhabi, Kuwait, Manama, Djibouti,
Doha … sont à moins de quatre minutes en hélicoptère des gigantesques bases
US qui les protègent.
Étrangement, les seules capitales arabes dispensées de
mesures d’évacuations sont Rabat, Beyrouth ( ?) et Tunis ( ??) où les
diplomates américains peuvent continuer de faire leur jogging matinal sur la
corniche.
Au dire des
spécialistes, le terroriste en chef de la nébuleuse Al Qaïda compte moins de
cinq mille partisans aguerris. Ce nombre est équivalent à celui des GI affectés
à la protection des ambassades fermées. Certes l’affrontement redouté n’est pas
celui d’un duel entre cow-boys manchots car les qaïdites sont armés d’explosifs, de
cartouches et de culot. Pour autant, faut-il prendre leurs menaces au
mot ? A l’échelle planétaire ?
Alors, quel est le sens de ce branle-bas de combat
diplomatique dont la durée annoncée prendra fin le 31 août ?
On aimerait entendre : « Attendez-vous à savoir… » Mais
Geneviève Tabouis, la fameuse chroniqueuse des années sombres n’est plus !
La guerre froide
que se sont déclaré Poutine et Obama sur fond de massacres - consommés au Moyen
Orient et annoncés en Afrique du Nord - offre le spectacle
effarant d’un monde en péril qui rejoint celui de la
fiction de James Bond contre Mister BIG.
La Maison Blanche et le
Kremlin sont en train de virer parano et l’alerte des ambassades ne
ressemble pas à un exercice.
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