mercredi 15 mai 2013

Serval, le Lt-Colonel Hollande (cr) s’en va-t-en guerre


Aucun politologue n’aurait imaginé que François Hollande prendrait un jour la tête d’un corps expéditionnaire. Cette extravagance a pris de court le monde entier. Les plus « hollandophobes » n’ont pas trouvé de mot de réprobation, alors vaincus par la surprise, ils ont applaudi.
Bravo l’artiste !

Homme orchestre ou transformiste, le nouveau Président français sort chaque semaine un talent dissimulé sous sa manche. Dans les assemblées de chefs d’Etat, on murmure que le petit Français trompe bien son Monde. On le pensait benêt, il se révèle fine lame. 
En découvrant son habileté de VRP lors de ses missions commerciales en Algérie et à Abu Dhabi, on s’est souvenu que le diplômé d’HEC avait précédé l’énarque. Aujourd’hui, sa posture de chef de guerre nous rappelle que l’ancien étudiant est passé par la caserne et qu’il y est resté fidèle accumulant les galons au fil des périodes de rappel jusqu’à arborer le képi à cinq ficèles panachés de Lieutenant-colonel de réserve.
Comme  les pince-sans-rire et les amateurs impénitents de bons mots, Hollande dissimule ses talents.
Son intelligence suprême  est de passer pour un sot. Le Président excelle depuis toujours dans cet exercice. Avait-t-il étudié dans le miroir son allure d'innocent ? Coiffure plaquée, lunettes à deux ronds, points noirs sur les joues, nez tombant, lippe de gourmand... voix de fausset. Le candidat ressemblait à Bourvil ! Comment le détester ? C’était une caricature de franchouillard auquel il ne manquait que le béret basque et la baguette de pain. Au gré des années, l’homme à Solex s’est fabriqué un personnage éligible de super-Dupont débonnaire.
L’Elysée l’a enfin délivré de son rôle de composition. Il est désormais lui-même. Costume avantageux, ventre rentré, menton levé, dents blanches,  visage poncé, regard malicieux, cheveux aile de corbeau. Tout son personnage est concentré sur le bouton rouge  déposé sur le canapé en or de sa boutonnière. Il ne quitte plus sa veste. Contrairement à tous ses prédécesseurs (sauf le petit dernier) il arbore en tous lieux et toutes circonstances la rosette sur demi-nœud de Grand’ Croix de la Légion d’Honneur. Le souvenir de la gloire de Bonaparte est tenace, d’Arcole à Bamako moins de quatre siècles le contemplent !

Ce serait lui faire injure que de le croire sous l’influence de son apparence. Mais pourquoi le Mali ? 

Hollande n’étant pas homme à se lancer dans une aventure improvisée. Toute l’opération a été préméditée. Washington et Berlin étaient au parfum. Rabat et Alger n’ont pas été surpris. L’Algérie, de bon cœur, a accordé l’autorisation de survol aux  Rafales français (qui ont utilisé un autre corridor). L’Egypte a grondé, la Tunisie a tempêté, la Tripolitaine a comploté, les wahhabites saoudiens et qataris sont furieux…le Monde arabe est ravi. L’opinion française est enfumée. Il n’y a guère que Giscard, l’ancien Président de Bokassa pour dénoncer une expédition coloniale ! A l’unisson, peuple et élus saluent la mission salvatrice d’éradication du terrorisme.

Pourtant, l’initiative de Hollande n’est pas une réplique au rabais de la doctrine  simpliste : humanistes contre terroristes, Israéliens bons, Arabes méchants, sunnites yes, chiites no…
La vision élyséenne est plus nuancée, elle s’appuie sur l’expertise et la proximité de l’Histoire. Le Président Hollande a lu Alfred Bel, Hamadi Redissi, Alain Chenal, Ali Mezrani, Jean Pierre  Filiu, Malek Chebel, Gilles Kepel et quelques autres. Il sait que l’avancée wahhabite menace l’Afrique du Nord et l’Europe; que les  Saoud ont phagocyté toute résistance à leur prosélytisme sectaire; que le salafisme repoussé en Algérie au prix de deux cent mille morts s’est installé en Tunisie, en Egypte, en Lybie à la faveur d’un printemps savamment pourri; que des fous sont en gestation, qu’au nom de Dieu, l’un d’entre eux a abattu des enfants à Toulouse; que l’’histoire bégaye; que Poitier n’est plus loin !
Alors, Hollande a-t-il conçu de reconstituer l’alliance des musulmans berbères et des musulmans latins pour stopper les arabes à Tombouctou ?

La décolonisation puis le rêve nationaliste avaient gommé l’identité musulmane de la Berbérie. On a oublié que depuis le septième siècle jusqu’au début du vingtième, ce territoire était en dissidence systématique avec les pratiques religieuses de la poignée de bédouins fanatiques du Nejd d’Arabie.
La Berbérie est un espace de culture qui englobe l’ensemble de l’Afrique du Nord jusqu’au Sahel dont la frontière sud trace une ligne allant de Tripoli à Tombouctou pour rejoindre la Mauritanie et l’atlantique. Le Mali est aussi terre du peuple berbère touareg, rempart prédestiné contre l’invasion des idées et des munitions d’Arabie. Ce n’est pas un hasard si les wahhabites ont  financé il y a vingt ans un pont pour enjamber le fleuve Niger à Bamako. L’ouvrage porte le nom du roi Fahd d’Arabie !

Dans cette perspective, la stratégie de Hollande pourrait se montrer d’une audace insoupçonnée. Elle suppose en effet l’adhésion de l’Algérie. Bouteflika est probablement déjà converti, l’armée nationale aussi; reste à écrire l’histoire nouvelle du couple Algérie-France dans la défense d’une paix commune. Le drame d’In Amenas scelle le pacte d’entraide entre l’armée française et l’ALN algérienne. D’évidence la police du gigantesque espace sahélien sera commune : le contrôle des points d’eau et des stocks de carburant, l’embargo sur les Toyota 4X4, la traçabilité des mouvements par satellite, voire même l’achat conjoint de drones américains… La coopération militaire franco-algérienne est en perspective car désormais des intérêts fondamentaux se confondent. 
Après tout, l’Académie Militaire de Cherchell est un creuset partagé par les deux armées !

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