samedi 20 août 2011

Le thuriféraire et la blogosphère


Ceci est mon coup de gueule de rentrée.

L’an passé à la même saison, moult dictateurs arabes étaient encore chéris de l’Elysée. Sous les lambris d’un salon parisien, la causerie de la première dame de Syrie était applaudie par trois ministres de la République. Dehors, les mandatés du commerce extérieur faisaient la navette, entre la cérémonie d’un ruban rouge et celle d’un contrat blanc bleu, entre l’hôtel Bristol, le Bourget et Tripoli. Et puis, l’épidémie a foudroyé les tyrans et avec eux, les thuriféraires français d’un monde maffieux.

Thuriféraire, ce mot est en passe d’égaler en popularité le volapuk, l’abracadabrantesque, le casse toi pc et le dégage. Il a été utilisé par le journaliste René Naba pour qualifier un expert du Petit Orient, lequel l’a immédiatement poursuivi en diffamation. L’indigné, un cireur de babouche décoré, estime que ses écrits à la gloire de Ben Ali étaient justes, sincères et totalement désintéressés. Le thuriféraire, - à ne pas confondre avec le gonfalonier, porteur d’oriflamme - est un encenseur, un épandeur de fumée, un flatteur de narines.

Le mot de Naba a fait mouche. Paris a ri. Le visionnaire autoproclamé de l’Orient est nu. Désormais, par décence, les télés s’abstiennent de l’exhiber. De rage et sans doute pour compenser ses cachets perdus, le flagorneur a intenté un procès à René Naba ; il lui réclame vingt mille euros. Un autre larron qui avait été mis dans le même sac, a de son coté, saisi le Procureur de la République. Par le civil et le pénal, les deux comparses parviendront-ils à faire embastiller le pamphlétaire talentueux et à le ruiner en frais de justice ? Quelles sont les raisons de cette réaction inédite ? Quelles intérêts malsains pourfendeurs de liberté arabe, quelle communauté de connivence René Naba a-t-il débusqué pour que ces deux personnages médiatiques se lancent dans une bataille stérile ? Car les offensés appellent la justice française d’aujourd’hui à se comporter comme la justice arabe d’hier. Ils n’ont pas procès gagné d’avance !

Cette affaire pose la question des faiseurs d’opinion, celle des « consultants » payés par les médias pour vendre au public le discours qu’il souhaite entendre entre deux publicités de lessive. Naba met à jour les boniments doctement énoncés à la messe du 20 heures. Thuriféraire soit loué, les français restèrent trente deux ans ignorant de la souffrance des Tunisiens. Jamais les vacances au soleil ne furent compromises. Lorsque Monsieur l’expert qui est français, arabe et chrétien nous disait avec une mine enfarinée « tout est rose et jasmin au pays de Carthage », comment vouliez-vous le suspecter de connivence sans passer pour un réactionnaire raciste ? Comment contredire l’islamophobie habile, sans passer pour un musulman fanatique ?

René Naba est un homme rare. Il a osé. Son écriture est libre et sincère. Son blog dérange.

Un thuriféraire veut le faire taire, tout comme il cherche à obtenir dans une autre procédure la censure du remarquable site tunisien Nawaat.
Ce petit monsieur est un zéro arabe dont je ne traduirai pas le nom car il mérite d’être rayé de la blogosphère.

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