dimanche 27 décembre 2009

Lacroix et la burqa

Lacroix n’est plus!
Une grande maison qui disparaît - c’est n’ayons pas peur des mots - un peu de notre identité nationale qui part. Le galbe, le rebondi, le déhanché, la lumière, les chatoiements, jupe tulipe, manche gigot, la beauté qui passe…Le bonheur de croiser une femme en Lacroix s’en va. La haute couture est en deuil. C’est le triomphe de la burka.
Christian Lacroix était passé de mode. Trop de couleurs dans une rue qui s’habille gris souris ou noir de nuit. « Monsieur Lacroix, marchand d’habits est mort, hier soir à Paris » soupirerait Soupault. La maison ne faisait plus recette, les Japonais lui préféraient la rue Cambon anciennement Chanel ou le malletier en plastique chiffré. Accumulation de fautes managériales dit-on. La griffe était suspecte en Russie à cause de la bannière, incompatible en Israël, et bien sûr en Arabie où les élégantes séquestrées avaient en vain supplié le couturier de changer son nom en « Islam Croissant».

Dans mes moments d’oisiveté combien de fois ai-je fait le déplacement pour me poster en voyeur rue François 1er , à la Madeleine, rue de La Paix où les plus jolies femmes du monde passent sans même vous remarquer. C’est un peu frustrant, on se sent transparent. Mais c’est normal car la beauté est toujours à sens unique.
L’art à Paris est à la portée de l’œil qui sait voir. Il y a sur le Faubourg des chefs d’œuvres inestimables, pourtant pas un badaud, ni un touriste ne s’arrête aux devantures. Face au Palais de l’Elysée un petit attroupement espère entrevoir une silhouette élancée ou un coursier pressé, il ignore que trente mètres plus loin De Jonkheere expose un Bruegel et quelques autres sublimes flamands du 15ème siècle. A l’Alma un groupe pleure Lady Diana, indifférent aux jolies vitrines de l’avenue Montaigne qu’affectionnait tellement leur princesse.
J’ai le souvenir d’une promenade ancienne découvrant avec stupéfaction le Pont Neuf enveloppé comme un paquet cadeau. Les Christo, couturiers de monuments pratiquaient l’art éphémère de dissimuler le sublime sous une bâche. Les parisiens s’extasiaient....Une autre fois, on m’interdit l’accès de l’esplanade du Palais de Chaillot au motif que la Mairie de Paris avait « privatisé » le lieu pour promouvoir une chaussure de sport.
Aujourd’hui même, je découvre les Champs Elysées pavoisés de drapeaux « GE » et « Mastercard » sponsors officiels du marché de Noël. Je suis affligé. Qui s’arroge le droit d’enlaidir ma ville ? Qui est ce petit dictateur faiseur de fric qui mercantilise le patrimoine dont je suis l’un des modestes contribuables richement indigné ? Comme j’envie les Suisses !

Il est urgent d’ouvrir le débat sur la beauté nationale. Que le neveu défasse ce que l’oncle n’aurait pas permis. Au secours ! Le mauvais goût est de retour.

Vite, que le congrès se réunisse à Versailles pour y dire que la Constitution interdit tout attentat à la beauté de la France, que désormais le Conseil Constitutionnel veillera à ce que les nouvelles mosquées soient dessinées par Jean Nouvel, que Christo sera interdit de séjour ainsi que les burkinabées (vêtues de burka), que le hijab noir sera prohibé mais le fichu Hermès toléré et qu'enfin Christian Lacroix sera recapitalisé grâce à l’emprunt national !

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