lundi 14 décembre 2009

La langue arabe en France, un enjeu identitaire

C'est la seconde langue de la France. Elle est usitée dans les familles, dans les cages d'escaliers, dans les quartiers. Elle domine dans les banlieues, dans les prisons. Pourtant, elle n’est pas enseignée à l'école primaire, elle est marginalisée au lycée, elle est réservée à une élite à l'université.
L’arabe en France est la langue des sous-scolarisés et des savants.

L’éducation nationale considère que c’est une langue étrangère alors qu’elle fait partie intégrante du patrimoine culturel de millions de français. Pire, elle est poussée au rang d’une langue liturgique ou savante au même titre que l’hébreu ou qu'un patrimoine du folklore régional comme le provençal, le chti ou le patois bérrichon.

Un boulevard pour les intégristes qui proclament : "pour savoir l'arabe, apprenez le Coran !" Un pétard à mèche lente pour le FN qui va un jour se pencher sur les ELCO et autres aberrations éducatives du système national.

Sacralisée ou bougnoulisée, cette langue n'est ni un facteur de valorisation ni une promesse d’ascension sociale. Pas de TV française publique en arabe (sauf quelques heures sur France 24 qui émet surtout à destination de l'étranger), à quelques rares exceptions pas de radio laïque sur la bande FM ! Imaginerait-on Radio-Canada émettant uniquement en anglais dans la belle province ou s'exprimant en français pour donner les heures de messes les prêches et les nouvelles des cousins de France ? Le PAF en arabe c’est 400 chaînes satellitaires parfaitement dés-identitaires. Le Français arabophone absorbe insidieusement la « vision » d’Harriri, de Moubarak, de Khaddafi et ainsi de suite. Il devient malgré lui « concerné » par des préoccupations étrangères à sa nation. Il est dé-francisé à son insu. Il est « conditionné » à se passionner pour Algérie-Egypte alors qu’au fond de lui-même il vibrerait plutôt pour « Guingamp-Sochaux ».

L’espace culturel édition, presse écrite, publicité, spectacles est inexistant ou importé parcimonieusement. L’Institut du Monde Arabe est trop souvent une vitrine des arts islamiques alors qu’elle devrait être la maison de la langue et peut-être essaimer sur le territoire.

Quel sera le paysage linguistique dans 20 ans ? Cette langue dite morte aura alors une audience unique au contenu sacralisé incontrôlable. On ne dira plus « Bonjour » mais « que tu sois béni de Dieu et de ses apôtres ». On ne saura plus dire « au revoir » (ila lika) mais « Dieu est avec toi » Toutes les phrases seront ponctuées de bondieuseries. Cette dérive de la langue est observée depuis quinze ans dans le monde arabe (depuis la déliquescence des régimes nationalistes et laïcs arabes : Egypte, Irak, Yémen et dans une moindre mesure Tunisie, Algérie, Liban, Syrie). Il s’en ressent une main mise du dogme sur la pensée et sur le comportement quotidien d’une partie de la population française. Est-il possible d’être Français et penser Voltaire, Sartre ou Vialatte en langue arabe ? La réponse paraît affirmative puisque l’arabe est un vecteur de pensée comme toutes les langues, en réalité sa sacralisation et sa régression à la mode du 14ème siècle ne lui permet plus d’aborder avec neutralité les concepts républicains de la France d’aujourd’hui.

L’éducation nationale de Jules Ferry n’a pas anticipé le mouvement, elle est aujourd’hui dépassée. Pourtant Paris a produit bien plus de savants dans cette langue que la plupart des pays arabes. Mais l’arabe est devenu la langue des terroristes. Dans l’administration, son apprentissage est encouragé seulement au sein de la police et des gardiens de prisons.

Laisser une langue devenir l’arme d’un mouvement de pensée c’est prendre le risque d’un retour à la Bosnie. Tenter d’éradiquer son usage par la suspicion et la répression, c’est précipiter de mouvement car on ne tait pas une langue.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

l'arabe ce ni pas la langue des terroristes comme vous dite mais la langue du livre sacré(le coran) et la langue des gens du paradis.

Anonyme a dit…

Les langues de Fance sont victimes d'un enjeu identitaire. C'est pour la même raison que les langues autochtones et d'autres non-autochtones sont marginalisées. Et il est malheureux de réduire le provençal à « un patrimoine du folklore régional », quand un prix Nobel de littérature a été descerné à un auteur en provençal, et quand l'occitan a entre 1 et 3,7 millions de locuteurs.
Le problème est ancien, et profond. Une mention des langues régionales n'a été ajoutée dans la constitution que récemment, et à la condition qu'elle ne puisse s'accompagner d'aucun droit linguistique. La création d'un ministère de l'immigration et de l'identité nationale, et, par la suite, l'institution d'un débat publique sur l'identité nationale, laissent entendre que les immigrés provoquent malaise identitaire français. Il s'agit en réalité d'incapacité à prendre en compte la diversité ethnique, culturelle et linguistique en France.
Le sort des minorités autochtones et non-autochtone est condamné par une même politique d'assimilation, consistant à refuser de reconnaitre les minorités et à réfuter la notion de droits collectifs. Il n'y a donc pas de données statistiques officielles sur des réalités sociales, économiques, culturelles, linguistiques pourtant existantes. Les langues autochtones et non autochtones sont soeurs d'infortune en France.
YVL